Transport de matières dangereuses (TMD) : pourquoi connaître le tableau codes danger ?

Les numéros de danger ADR, appelés aussi codes Kemler, sont la clé de voûte de la gestion des risques sur les routes, les voies ferrées, fluviales et même dans les airs. Comprendre ces chiffres permet :

• de cartographier instantanément l’ampleur d’un sinistre ;
• d’adapter les EPI et la stratégie d’attaque du feu ;
• de communiquer efficacement avec les centres de coordination (CTA-CODIS, PC Sécurité, officier NRBC).

Aujourd’hui, la maîtrise du tableau codes danger n’est plus réservée aux pompiers : conducteurs, logisticiens, agents de sûreté et même riverains y trouvent un moyen de protection précieux.

1. Qu’est-ce qu’un numéro de danger ?

Le numéro de danger se compose de deux ou trois chiffres (parfois précédés d’un X) lisibles à plus de 30 m même sous la pluie grâce à une couleur noire sur fond orange rétroréfléchissant. Ce code répond à quatre questions :

1. Le produit explose-t-il ?
2. Dégage-t-il des vapeurs toxiques ?
3. Est-il corrosif ou comburant ?
4. Réagit-il violemment à l’eau ?

La position des chiffres est capitale :

• 1^er chiffre : danger principal.
• 2^e chiffre : danger secondaire ou intensification du risque.
• 3^e chiffre : danger supplémentaire (optionnel).

La présence de X signale que l’eau est proscrite comme agent extincteur ; on privilégiera poudre D ou CO₂.

2. Tableau codes danger : lecture simplifiée

Tableau révisé 2024 : correspondance code / risque.

2.1 Codes doublés et triplés : comprendre les subtilités

Lorsqu’un chiffre est répété (33, 55, 666…), on indique une intensification du danger correspondant. Si un chiffre 0 suit le premier, le premier chiffre suffit à décrire le danger (ex. 30). La combinaison 22, 44 ou 99 fait figure d’exception et véhicule un sens particulier :

• 22 : gaz réfrigéré, risque de brûlure cryogénique ;
• 44 : solide inflammable pouvant fondre ;
• 99 : matière dangereuse transportée à chaud.

3. Comment reconnaître la plaque « numéro de danger / numéro ONU » ?

La plaque ADR se lit comme un livre ouvert :

1. Ligne supérieure : numéro de danger.
2. Ligne inférieure : numéro ONU à 4 chiffres.

En l’absence d’informations détaillées, une intervention se fonde d’abord sur la ligne supérieure ; la connaissance exacte du produit vient ensuite affiner la tactique.

4. Exemples concrets pour s’entraîner

5. Signalisation spécifique des véhicules

5.1 Camion-citerne mono-produit

• Plaques « code danger » à l’avant et l’arrière.
• Pictogrammes danger sur les flancs.
• Étiquettes résistant 15 minutes au feu (EN 14641).

5.2 Camion-citerne multi-compartiments

• Panneau orange vierge avant/arrière.
• Plaque numérotée sur chaque compartiment.
• Obligation de tenir à bord le plan de chargement compartimenté.

5.3 Camion bâché ou conteneur

• Panneau vierge avant/arrière si multi-colis.
• Pictogrammes danger sur les côtés.
• Retrait ou occultation des panneaux dès la fin du transport.

6. Focus sur les neuf symboles de danger ADR

Chaque classe possède un pictogramme à losange, instantanément reconnaissable même la nuit grâce à des encres photoluminescentes. Les voici rappelés :

7. Bonnes pratiques pour les intervenants

• Observer le code avant tout contact.
• Protéger les voies respiratoires (ARI), la peau (gants nitrile ou butyle).
• Isoler : périmètre d’exclusion basé sur l’ERG (Emergency Response Guidebook).
• Informer la chaîne de commandement avec un message standardisé : « Code 33 / 1203, rupture de cuve, incendie naissant ».
• Éteindre : agent d’extinction adapté au chiffre principal.

8. Mise à jour réglementaire 2024

ADR 2023/2024 introduit des nouveautés notables :

• Refonte des codes débutant par 9 : un suffixe « E » précise désormais la toxicité aquatique.
• Harmonisation intermodalité : même panneau pour route, rail et voie navigable.
• Peroxydes organiques : seuils divisés par deux pour les groupes I et II.

N’oubliez pas d’actualiser vos check-lists, plans d’intervention et supports e-learning.

9. FAQ – Vos questions fréquentes

Quelle différence entre « 33 » et « 3X » ?

« 33 » indique un liquide très inflammable. « 3X » est impossible : la lettre X précède toujours les chiffres (ex. « X33 »).

Le panneau est illisible, comment réagir ?

Appliquez le principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable) : distance, écran, temps. Sollicitez immédiatement un drone ou une caméra thermique pour lecture à distance.

Citerne vide : plaques à enlever ?

Tant que la citerne n’est pas dégazée et inertée, les plaques restent. Une citerne certifiée propre reçoit un panneau orange barré.

Comment obtenir le certificat ADR conducteur ?

Suivre une formation initiale de 18 h en centre agréé, réussir l’examen QCM, puis recyclage obligatoire tous les cinq ans.

10. Ressources et formations complémentaires

À consulter sans modération :

• Accord ADR complet (version multilingue téléchargeable).
• Guide ERG 2024 (équivalent nord-américain, utile en export).
• MOOC « Transport de matières dangereuses » (INRS, CNPP).
• Simulateur de plaques ADR en réalité augmentée (appli mobile).

11. De 1957 à 2030 : l’évolution des codes danger

L’ADR est signé à Genève en 1957, mais n’entre en vigueur qu’en 1968. À l’origine, seules six classes existaient. Les révisions de 1995 puis de 2009 introduisent le code 9 « dangers divers » et les X. À l’horizon 2030, l’ONU évoque l’ajout d’un code 10 pour les batteries lithium de grande capacité.

12. Procédure d’intervention pas à pas

1. Reconnaissance visuelle : lecture du code, ventilation de la zone.
2. Décision stratégique : attaque directe, indirecte ou défensive.
3. Mise en place des lignes d’alimentation (110 mm maxi, 70 mm mini).
4. Neutralisation de la source : obturateur, vanne de pied, robinet de purge.
5. Échantillonnage pour laboratoire mobile NRBC.
6. Décontamination du personnel et des équipements.
7. Levée de doute par chromatographie portative.

13. Le rôle du conseiller à la sécurité TMD

Toute entreprise manipulant plus de 333 kg de matières dangereuses doit nommer un Conseiller à la Sécurité (CSTMD). Ses missions :

• Auditer la conformité des documents transport.
• Mener des exercices d’alerte semestriels.
• Assurer la remontée des presqu’accidents.
• Rédiger le rapport annuel à la DREAL.

14. Contrôles sur route et sanctions

Chaque année, l’OTRE et les forces de l’ordre effectuent 20 000 contrôles ciblés. Les manquements les plus fréquents :

• Absence de plaques (amende : 750 € par manquement).
• Extincteur périmé (135 € + immobilisation).
• Documents de transport incomplets (4^e classe, tribunal).

15. Innovations pour un TMD plus sûr

Les flottes adoptent :

• Capteurs IoT de température et pression.
• e-Call ADR : déclenchement automatique d’alerte avec géolocalisation.
• Plombage numérique RFID pour éviter l’ouverture non autorisée.

16. Check-list conducteur avant le départ

1. Plaques et pictogrammes en place ;
2. Extincteurs vérifiés (manomètre dans le vert) ;
3. Equipements individuels complets (gilet, lampes ATEX, gants) ;
4. Itinéraire autorisé ADR sélectionné.

17. Glossaire express

ADR : Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route.
Kemler : nom du colonel à l’origine du système de codes.
NRBC : Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique.
AFFF : mousse aqueuse à formation de film.
TMD : Transport de matières dangereuses.

18. Quiz – Testez vos connaissances

1. Que signifie le premier « 5 » dans le code 556 ?
2. Quel agent extincteur est proscrit pour un code commençant par X ?
3. À quel numéro ONU correspond l’essence ?
4. Quelle classe de danger affiche un losange rouge vif avec flamme noire ?

Réponses : 1) Comburant. 2) Eau et mousse à base d’eau. 3) 1203. 4) Classe 3.

19. Conclusion : le tableau codes danger, un réflexe vital

Chaque chiffre peint sur une plaque orange représente bien plus qu’un code administratif : il peut sauver des secondes précieuses et, partant, des vies. Maîtrisez-le, diffusez-le, entraînez-vous – votre sécurité et celle des autres en dépendent.